Au commencement : le Mont Ararat
L'obsidienne, pierre fine née des volcans
Fille des volcans, l’obsidienne est une pierre fine,riche en silice. Elle est née voilà des centaines de milliers d’années, lorsqu’une lave acide se refroidit brutalement et se vitrifie sous le choc thermique.
Cette pierre volcanique se présente sous différents aspects : noire, grise, gris bleu, marron ou rouge, avec de multiples nuances et motifs. Elle peut emprunter des tonalités qui correspondent à des compositions spécifiques, au temps de refroidissement et à la présence d’inclusions contenues dans la pierre.
L’obsidienne est une pierre rare. En effet, tous les volcans n’en produisent pas. Et lorsque cela est le cas, la pierre n’est pas toujours d’une qualité suffisante pour être taillée. En particulier, si des microfissures ou des microcristaux sont présents, en nombre trop important, elle explosera lors de la taille. Sa cassure conchoïdale, avec des ondulations concentriques, a l’aspect d’une coquille. Elle est typique, et se retrouve dans d’autres roches constituées de silice. Les principaux gisements sont dans le Caucase, en Ethiopie et en Amérique du Sud.
L’obsidienne de cub-ar est née sur les flancs du Mont Ararat
L’obsidienne de cub-ar est née sur les flancs du Mont Ararat, là même où dans la Genèse nous apprenons que Noé s’est échoué avec son Arche. « Au Bout de cent cinquante jours, les eaux diminuèrent et, au septième mois, le dix-septième jour du mois, l’Arche reposa sur les monts de l’Ararat. » (La Bible – Genèse 8, 5)
Sur les flancs des montagnes arméniennes, des blocs d’obsidienne brillent. Les variétés et la qualité diffèrent suivant les sites. L’obsidienne se présente un peu à la façon de rochers, ce sont des blocs qui font rarement plus d’un mètre d’envergure et pèsent quelques dizaines de kilogrammes. L’obsidienne n’est jamais formée en mine ou en carrière comme des roches telles que le marbre. Elle ne permet pas la réalisation d’objets magistraux associés à l’architecture.
Très homogène, l’obsidienne de Mont Ararat est réputée pour sa beauté et ses qualités de taille. Elle est de plus la seule obsidienne au monde à être translucide. Taillée en fines épaisseurs elle devient transparente et les zébrures qui la parcourent produisent des dessins étranges qui rappellent le sumi-e (lavis pour les Chinois).
Les zébrures forment des dessins aléatoires qui sont visibles en transparence.
Plusieurs sites sont exploités en Arménie. Les plus récents datent du pléistocène moyen (0,7 à 0,1 million d’années), tandis que les plus anciens remontent au pliocène (2 à 4 millions d’années). Les objets et œuvres de cub-ar sont réalisés avec des pierres âgées en moyenne de 2 millions d’années.
L’histoire de l’obsidienne suit l’histoire de l’Homme. Grâce à sa structure amorphe, l’obsidienne est relativement facile à tailler, puisqu’elle casse de façon prévisible et contrôlée par fractures conchoïdales. Ainsi, parmi les roches utilisées par l’homme, l’obsidienne a d’abord servi à fabriquer des armes et des outils tranchants, comme par exemple des bifaces, en raison de sa dureté, puis des accessoires du quotidien avant de devenir peu à peu une pierre d’apparat, convoitée pour sa brillance et sa beauté.
Vertus bénéfiques en lithothérapie
Aujourd’hui encore, les vertus bénéfiques de l’obsidienne sont utilisées en lithothérapie (soin par les pierres), dont elle est l’une des pierres majeures. Elle protège des énergies négatives, c’est une pierre de réalité attachée à la terre, elle fait apparaître la vérité et chasse les illusions. Conseillée pour guérir les dépressions nerveuses, elle enveloppe d’une force protectrice. Le noir couleur de la maîtrise par l’esprit en Orient lui confère un degré de conscience avancé.
Elle est utilisée particulièrement pour les problèmes liés à la circulation du sang, la fortification du système osseux, elle est aussi employée pour les maux d’estomac et les problèmes de digestion.
Sur le plan astrologique, l’obsidienne est positive pour tous les signes. Elle s’associe particulièrement bien avec les natifs du cancer, du sagittaire, du capricorne et du verseau.
Le travail de l’obsidienne
Les blocs de bonne qualité sont prélevés et travaillés dans des ateliers artisanaux.
La première phase constitue à les qualifier par types de grandes familles. La seconde phase est la découpe en tranches adaptées à la dimension des objets voulus. Puis de nouvelles coupes sont effectuées pour s’approcher au plus près de la forme finale. L’outillage utilisé a été en majorité fabriqué par les artisans.
Puis le travail de l’objet est réalisé grâce à des outils abrasifs qui prennent toutes sortes de formes suivant le résultat à obtenir (meules, outils concaves, plateaux, …) L’abrasion commence avec un grain très gros pour éliminer rapidement le surplus de matière puis un grain plus fin est utilisé et ainsi 7 grains vont se succéder ! Chaque grain devra avoir été passé correctement pour affiner les marques, le grain suivant ne rattrape jamais les manques du précédent. Toutes ces opérations sont réalisées entièrement à la main avec l’œil pour seul arbitre. L’apprentissage est de plusieurs années pour maîtriser la technique. Puis la phase finale, le polissage est la plus délicate. Elle nécessite du temps pour que l’obsidienne prenne cette apparence laquée ou le moindre défaut se voit terriblement. La fabrication de chaque objet prend entre quelques heures et plusieurs jours.
De plus en plus d’objets réalisés en pierre sont polis imparfaitement et pour pallier ce manque sont vernis. En Arménie, cette technique n’est pas utilisée, le travail est parfaitement réalisé. Les arméniens sont d’ailleurs réputés pour leurs lapidaires (ouvrier qui taillent les pierres précieuses), et plusieurs firmes de premier plan international ont installé sur son territoire des ateliers de taille de diamant.
Il existe aujourd’hui des machines qui permettent de faire de nombreuses opérations de façon totalement automatisée, l’expert ne s’y trompera pas, le travail artisanal fait en Arménie reste d’une qualité inégalée.